je travaillais à quelques "Bris de vies" ce matin, lorsqu'en rangeant, je suis tombée sur ce texte écrit le 27 janvier 2003,
je l'avais mis de côté,
et en le relisant, je re vis cette scène qui m'avait semblée surréaliste à l'époque.
l'émotion me submerge
... ça plus le reste j’ai ce soir, sans faire
d’humour noir, les jambes coupées.
Aujourd’hui, c’était bizarre.
J’étais à Montpellier au Polygone exactement
qui est une galerie marchande.
Je déjeunais légèrement d’une crêpe-salade en
bas, au bar, au beau milieu du hall, face à l’escalator.
Et puis, est arrivé un handicapé en fauteuil
roulant, pas de l’escalator bien sûr, de nulle part … en tout cas pas de là où
l’on rentre normalement nous les pas handicapés puisqu’il y a des escaliers.
Non d’ailleurs.
Puis un deuxième et puis un troisième. Bon, me
suis-je dit, il fait un temps à chier, ils sont mieux dans la galerie marchande
que dans les rues.
C’est drôle … a-t-on déjà pensé qu’un
handicapé quand il pleut ne peut pas à la fois tenir un parapluie et faire
rouler son fauteuil avec ses bras ?
Et même à Montpellier, parfois il pleut …
Alors, une galerie-marchande, bien sûr c’est une bonne idée.
Alors, une galerie-marchande, bien sûr c’est une bonne idée.
Le premier a disparu de ma vue. Le deuxième
est venu prendre un café au bar à la table à côté de la mienne et le troisième
s’est installé … enfin installé, ils le sont déjà dans leur fauteuil, je devrai
dire s’est arrêté. Il s’est arrêté adossé à l’angle d’une boutique face à
l’escalator et est resté là sans rien faire, juste regarder les gens monter et
descendre, courir et marcher, sauter les dernières marches en descendant ou
buter sur la première en montant.
C’était un jeune homme d’environ 30 ans, les
cheveux blonds un peu indomptés, attachés derrière en queue de cheval. Il avait
un assez joli visage avec des yeux clairs et quelque chose d’heureux, de gai.
Alors que la plupart des gens qui passaient étaient fermés, tristes et pressés.
Lui avait un demi-sourire et il regardait cet
escalator, il n’en perdait pas une miette.
Admirait-il les jambes qui
fonctionnaient ? lui dont on devinait que les siennes n’étaient plus que
des ombres.
Ou bien ressassait-il un accident d’escalator
qui l’aurait mis dans cet état ?
J’avais envie de lui parler, de lui demander
si regarder les gens se mouvoir lui faisait plaisir ou si ça lui faisait du
mal.
Montait-il cet escalier dans la peau de chaque
personne ?
Il était là, comme au cinéma, il regardait cet
escalator plein de monde et ne se laissait distraire par rien d’autre. Que pouvait-il se passer dans sa tête ?
Il était invisible, personne ne lui prêtait
attention. Ah bien sûr, s’il avait fait la manche, on l’aurait remarqué. Mais
non rien, il ne bougeait pas. Juste son regard qui montait et descendait quand
il choisissait d’accompagner tel ou tel passant dans son escalade.
Et puis, au bout d’un quart d’heure, il a
sorti une cigarette et l’a allumée. Et là, abrutie que je suis par les slogans
publicitaires, j’ai pensé « FUMER NUIT GRAVEMENT A LA SANTE » et puis
j’ai ri, en moi-même, de moi-même, quelle réflexion idiote !
SA santé ! elle lui a déjà joué un sale
tour et sûrement pas à cause des cigarettes, alors que dire et que faire et que
penser ?
Rien
J’aurai quand même aimé savoir ce qui lui
passait par la tête.
C’était presque surréaliste
je ne ferai rien cet après-midi et
à l'heure où j'écris cette page un bel arc-en-ciel apparaît
comme pour l'illustrer
ou me mettre du baume au coeur
ou me mettre du baume au coeur
Il arrive que la personne handicapée "le vive mieux" que la personne qui s'imagine à sa place ... Beau texte ;-) amusez vous bien ce WE
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